GUAQUERE ANDRE : SOUVENIRS
André Guaguère, ancien combattant et président de la Fédération FNCR de la Somme section d'Abbeville nous a quittés, voici quelques souvenirs qui sont des témoignages :
Faut il être inconscient, avoir le mépris du danger, ou
aimer le risque,
pour sauver son prochain ?
Algérie, le 21 mars 1958 dans l’Oued el Khen, à Ain Tedeles, dans la
région de Mostaganem, département d’Oran :
Dès la descente des
camions, la 4ème compagnie est prise sous le feu des rebelles.
Quatre camarades sont tués, plusieurs sont blessés. Les sections de Tirailleurs
se déploient et progressent vers l’Oued où sont retranchés les rebelles, puis
se mettent à l’abri des éboulis de terrain en attendant le rassemblement des
différents éléments du Bataillon.
Soudain, de la
droite, venant de la position de la 2ème section, arrive un
tirailleur. Il erre à découvert, crie, hurle, il a tout jeté : fusil,
cartouchières, casque et sac à dos. Ses gestes sont désordonnés, il avance en
direction des rebelles, puis se rabat vers André GUAQUERE qui pose alors son
sac mais garde son arme. Lorsqu’il arrive à sa hauteur, d’un bond, André parvient à le faire tomber au sol et tente de
lui couper le souffle en appuyant son Pistolet Mitrailleur sur la gorge pour
l’empêcher de se débattre et de crier. Arrive alors en renfort un autre
Tirailleur qui assomme le forcené. Celui-ci, inanimé, peut alors être évacué vers
l’arrière pour être mis en protection au sein des éléments de la section.
Algérie, le 17 mai 1958, dans les Gorges de Cherfa :
La 4ème
compagnie est engagée dans les gorges de Cherfa, à la recherche d’un fort
élément rebelle. Celui-ci se manifeste par feu nourri et important d’armes
automatiques.
Dès lors la
progression dans les gorges devient difficile, et elle s’effectue par petits
groupes qui exploitent au mieux les abris du terrain.
André GUAQUERE
progresse jusqu’à une corniche. Un peu en dessous de lui se trouve le Tirailleur PRUNIER
et un rebelle est en train de ramper vers lui. Il faut agir très vite. André
tire une courte rafale de Pistolet Mitrailleur dans leur direction, ce qui alerte
et sauve le Tirailleur PRUNIER Jean Pierre, d’une mort certaine.
Algérie, le 23 juin 1958, dans le Djebel Amour :
La 4ème
compagnie du 29ème Bataillon de Tirailleurs Algériens se prépare à
donner un 3ème assaut. Un tir de préparation est déclenché. Mais suite
à un problème de tir, incident dû à un défaut de munition ou autre, un obus
s’abat sur la compagnie et fait 8 morts et 17 blessés.
Le tir des
rebelles devient de plus en plus violent, une mitrailleuse MG42 arrose la
crète.
André GUAQUERE s’aperçoit
qu’André LIRZIN, voltigeur de pointe, fait des efforts pour se lever. Il est
couvert de sang. Un éclat d’obus lui a labouré le visage. Sous le feu des
rebelles, il quitte son abri et rejoint
le blessé. Tant bien que mal, il arrive à le traîner vers l’arrière pour le
protéger. Durant la manœuvre d’évacuation, il constate qu’un autre camarade,
est également blessé, il a le genou éclaté. Il repart alors dans sa direction, et
c’est avec beaucoup de difficultés qu’il arrive à le ramener en protection vers
l’arrière, pour le mettre à l’abri. Il prodigue les premiers soins aux blessés à
l’aide de pansements d’urgence, remplit leur fiche sanitaire, puis s’en
retourne vers son emplacement de combat.
Algérie, en octobre 1958, région d’Ouarcenis.
La progression
dans le massif de l’Ouarcenis est très difficile, depuis le matin, le 31ème
Régiment de Chasseurs Parachutistes a accroché et subi de lourdes pertes.
Le 29ème
Bataillon de Tirailleurs Algériens gagne la ligne de crête et découvre que des rebelles
sont en train de manœuvrer en bon ordre pour gagner d’autres emplacements de
combat.
Ordre est reçu
de se porter dans leur direction, pour engager une manœuvre d’encerclement.
Durant la
progression en terrain accidenté, couvert de végétation et de buissons denses, l’un
des Tirailleurs du Bataillon, Daniel TRIGAULT, marchant tête basse, ne
s’aperçoit pas du changement de direction pris par son élément. Il continue sa
progression droit vers les rebelles. Ecarté de ses camarades, il va droit à la
mort.
André GUAQUERE avertit
alors son chef de section et lui demande un point de chute pour le regroupement,
puis il part à la recherche du Tirailleur qui s’égare.
Durant cette
opération les soldats du Bataillon portent tous un foulard rouge de
reconnaissance. C’est ce foulard qui va sauver TRIGAULT. Durant la recherche et
au bout d’un long moment, André GUAQUERE entend du bruit sans pouvoir savoir de
quel camp est l’auteur de ce bruit. Il repère la personne et constate que celle-ci
porte un foulard rouge. TRIGAULT est
sauvé, André le ramène alors vers le bataillon.
En conclusion, de ces différents
événements, André nous confie que sa plus belle récompense est d’avoir sauvé la
vie de cinq frères d’arme.
André Demaret Vice-président de la section FNCR
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