Un pilote chef de patrouille, aux plus hautes qualités militaires et professionnelles.
Après
sa réussite au concours, le stage de pilotage au Canada, le brevet
de pilote en I953, il arrive en unité : Algérie, Tunisie, Creil.
Dès 1957, il repart en Algérie et se retrouve aux commandes d'un
T6. Il est sergent. L'Algérie, c'est la guerre ! Il y effectuera 796
missions de guerre représentant 1622 heures de vol.
Car
ce pilote de chasse devient vite un combattant intrépide, un vrai
guerrier, volontaire et courageux, imprégné de sa mission. Il sera
un brillant pilote, maîtrisant son avion avec une dextérité
remarquable. Au mépris de tous les dangers, il harcèle les
rebelles, traversant à basse altitude leurs tirs de mitrailleuses et
d'armes individuelles. Ses résultats et bilans sont impressionnants.
Mais le 25 Août 1957,
son avion est touché, il le ramène au terrain non sans difficulté
: le T6 est troué en de multiples endroits. Cette fois est la
première... mais pas la dernière, car l'avion du Sergent Michel
Poinet sera atteint 10 autres fois en d'autres circonstances, avec
parfois l'obligation de se poser dans le djebel, sur le ventre, avec
tous les risques et périls que cela comporte. En 1957 le 25 août,
en 1958 le 18 juillet et le 8 septembre, en 1959, le 10 janvier, le 9
février, le 19 mars, le I9 mai puis le 5 octobre et en I960 le 23
février. Autant de dates dont se souvient ce valeureux pilote qui
chaque fois, a échappé à la mort où à la captivité.
Mais
la date du 7 |uin 1960 est celle qui reste la plus gravée dans sa
mémoire. Dans le massif des Aurès, pris sous des tirs intenses, le
T6 est gravement touché et prend feu : c'est le crash violent, un
choc brutal.
Laissons
la parole à Michel Poinet : « l'ai réussi à me sortir
de l'avion difficilement et au bout d'un certain temps, car ma tête
avait heurté le collimateur et j'avais le visage en sang, l'ai
trouvé une clairière avec un petit bosquet au milieu, je m'y suis
réfugié. Dans le choc, j'avais perdu ma montre et mes
cartes. Il me restait mon pistolet Herstal avec un chargeur de 9
cartouches, l'ai décidé que 8 cartouches étaient pour les rebelles
et la 9° pour moi, car je ne voulais pas être fait prisonnier.
Quelque temps après... j'ai trouvé le temps
long, les bombardiers B26 sont arrivés sur zone, puis une Alouette!
qui m'a récupéré, j'avais le visage ensanglanté.
Les B26 ont procédé à la destruction du T6 et je suis passé par
la base où un comité d'accueil m'a chaleureusement accueilli.
Arrivé à l'hôpital, j'ai bénéficié... de 30 points de suture au
front.
Le
18 luillet, 5 semaines après, le Sergent Michel Poinet reprend les
vols et les missions. Parmi ses 8 citations, on relève : « Brillant
sous-officier pilote de chasse, qui a suscité l'admiration de ses
chefs par sa grande conscience professionnelle et son courage
exemplaire. A eu maintes fois l'occasion de se signaler par sa
compétence et son ardeur au combat ». « Sous-officier pilote chef
de patrouille, qui fait preuve des plus hautes qualités militaires
et professionnelles. Volontaire pour toutes les missions, s'est fait
remarquer en toutes circonstances par la sûreté et la rapidité de
son jugement, la finesse de son pilotage et la précision de ses tirs
».
Lors
de son départ à la retraite, il totalise tout près de 4000 heures
de vol sur différents types d'avions (Stamp, T6, NIIOI, MS 472, F47,
Vampire, Mistral, Ramier, Mystère 2, Broussard et Fouga). Il est
chevalier de la Légion d'Honneur, titulaire de la Médaille
Militaire, de la Croix de la Valeur Militaire avec 8 citations (4
palmes, 4 étoiles, vermeil, argent et bronze), de la Croix du
Combattant et du Titre de Reconnaissance de la Nation.
Sous-Officier
exemplaire, le Sergent-Chef Michel Poinet a été choisi pour être
porte-drapeau du comité de Rochefort de la Société des Membres de
la Légion d'Honneur. Agé de 82 ans, il assure cette mission avec
une dignité et un dévouement qui suscitent le respect de tous et
font honneur au corps des Sous-Officlers et à notre premier Ordre
National.Il est nouvel adhérent de la section FNCR de St. Froult
Article rédigé par Le
Colonel (er)
Amédée Ossant, Président d'Honneur du
Comité de la Société des Membres de la Légion d'Honneur de
Rochefort, membre de la S.
FNCR de St. Froult.
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